H COMME "HOOKING UP"
- Adma Don Bosco
- 5 juil.
- 4 min de lecture
En avez-vous entendu parler ? C’est une pratique très répandue chez les jeunes aux États-Unis. Littéralement, cela signifie « se brancher ». Elle consiste à se rencontrer, avoir des rapports sexuels sans engagement émotionnel ou affectif, puis se quitter aussi rapidement que l’on s’est rencontré. Il s’agit généralement de sexe oral, rarement satisfaisant pour les filles, mais accepté aussi par elles. Une relation consommée sans l’effort de la relation ni le poids de la responsabilité.
Sexualité sans amour
Il était normal de penser que la sexualité était le langage de l’amour et qu’elle était intimement liée à l’événement de la vie. Mais que se passe-t-il aujourd’hui ? Ce que l’on peut dire immédiatement, c’est qu’il s’agit du fruit amer de la peur : on fait l’amour sans amour parce qu’on a peur d’aimer, et on a peur d’aimer parce que l’amour fait souffrir, expose à la douleur : mieux vaut se replier sur le plaisir immédiat.
Les psychologues ont déjà tiré la sonnette d’alarme : dans l’expérience sexuelle actuelle, on observe une chute préoccupante du désir. Rien d’étonnant : c’est le fruit amer de la soumission aux deux dogmes de notre époque — celui d’optimiser le plaisir et celui d’éviter toute douleur. Une condition de bien-être immédiat et protégé que nous n’accordons à peine même aux nouveau-nés : des coliques infantiles aux crevasses maternelles, jusqu’au sevrage du sein et de la mère, tout montre que le plaisir immédiat n’est certainement pas l’idéal à poursuivre, mais plutôt le délire à éviter.
L’homme devient vraiment humain lorsqu’il dépasse l’horizon de la satisfaction des besoins pour entrer dans celui de la reconnaissance des personnes, lorsqu’il passe de l’attachement au sein maternel à la reconnaissance du visage de la mère ! L’amour humain mûrit dans le passage de l’amour narcissique à l’amour oblatif, de l’amour de l’autre pour moi à l’amour de l’autre pour lui-même !
Le sexe réduit au plaisir
Derrière la réduction du sexe au plaisir, il y a une vaste opération culturelle qui, depuis longtemps, planifie la négation de l’amour, la mortification de la vie et la destruction de la famille, en tant que lieu primordial de l’amour et de la vie, reflet créaturel du visage de Dieu.

La tentative de miner les fondements familiaux de l’amour et de la vie manifeste, au fond, son visage diabolique dans ses effets d’abstraction, de confusion et de division. Ce n’est pas un hasard si l’Écriture dit que le Malin est un « menteur » et un « meurtrier », et plus précisément que l’Antéchrist est celui qui « nie Dieu dans la chair » et « nie le Père et le Fils ». Autrement dit : puisque l’amour authentique est concret, tout faux amour cherchera à nier la vérité des corps et des liens.
Pensons aux figures de l’amour promues au cours des deux derniers siècles : on est passé de l’amour romantique, typiquement désincarné, à l’amour érotique, typiquement charnel. Avec un double effet de confusion : la promotion de l’amour désincarné a affaibli la sensibilité à la différence des sexes, tandis que la promotion de l’amour charnel a affaibli l’érotisme, dont la sève est le désir. Une fois la sexualité niée et l’érotisme éteint, il ne reste que la quête du plaisir pour lui-même, qui conduit l’amour humain aux dérives de l’insensé et de la violence.
La grammaire des sexes et la syntaxe de la famille
Or, le sexe rapide et irresponsable ne fait du bien à personne : ni aux femmes, qui goûtent l’intimité physique surtout lorsqu’elle est vécue dans une relation d’amour significative ; ni aux hommes, dont le désir sexuel, plus orienté vers l’acte que vers la relation, requiert un parcours difficile de maturation. Le sexe précoce, uniquement orienté vers le plaisir, laisse en effet de profondes blessures dans l’âme des jeunes filles et livre les garçons à des esclavages sexuels dégradants, dont l’industrie n’a jamais été aussi florissante.
La question est donc de retrouver et approfondir une connaissance sage de l’homme et de la femme, qui aujourd’hui est soit réduite au silence, soit falsifiée. T. Cantelmi observe avec grande compétence : « le désir des filles est ce qu’il y a de plus éloigné de l’expérience du hooking up, et souvent, même si elles savent très bien ce que c’est et ce que cela implique, elles continuent à espérer une relation. Espérances souvent déçues, avec de profondes souffrances. Peu de filles comprennent vraiment que l’expérience des garçons face à la sexualité est différente, et que la façon dont les adolescents vivent et abordent aujourd’hui l’intimité physique alimente le pire type de sexualité masculine. »
Malgré tout cela, il n’est pas permis de se décourager. La force persuasive de l’amour véritable renaît continuellement de ses cendres. Paul Ricoeur, l’un des plus grands philosophes contemporains, a justement observé que, malgré les tentatives de discréditer la famille par la promotion de l’amour libre, le mariage reste encore aujourd’hui victorieux, et en définitive « demeure la meilleure occasion de tendresse », car il unit l’instant érotique à la durée du lien, réconcilie la spontanéité et la responsabilité, harmonise le désir et la loi, réalise le miracle de faire du plaisir et de l’amour, de l’homme et de la femme, une seule réalité !
Don Roberto Carelli SDB



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