LE REPOS ÉTERNEL. LA SOLIDARITÉ SPIRITUELLE DES CHRÉTIENS
- Adma Don Bosco
- 6 juil.
- 4 min de lecture
En communion spirituelle
L’Église est infiniment plus grande que ce que l’on peut voir ! Elle s’étend à des régions qui nous sont actuellement inaccessibles, dont nous ne pouvons faire l’expérience, mais dont nous savons, avec certitude de foi, qu’elles en font partie.
Il n’y a qu’un seul Corps du Christ, qui est l’Église. Mais les membres de ce Corps se trouvent actuellement dans des états différents : certains dans la gloire, jouissant éternellement du Seigneur qu’ils ont aimé et servi durant leur vie ; d’autres, ayant terminé leur parcours terrestre en amitié avec Dieu, attendent encore leur purification, non comme une punition extérieure, mais comme une exigence d’amour pour pouvoir jouir de la sainteté de Dieu ; et enfin, nous tous, qui marchons sur les chemins de la vie, avançant vers le Seigneur.
L’unité du corps ecclésial est telle que l’unique et même vie divine, la grâce, circule librement entre tous les membres qui demeurent dans l’espace de cette communion. C’est là la racine de toute autre communion, de la concorde et de l’affection mutuelle.
Le fait qu’il s’agisse de biens spirituels ne diminue en rien leur portée réelle, comme s’il s’agissait de choses marginales à la réalité. « Spirituel » signifie « suprêmement réel », bien qu’exprimant une réalité immatérielle, donc invisible aux sens.
Les biens de la grâce, ensuite — contrairement à l’économie monétaire — peuvent agir solidairement au bénéfice des autres, sans appauvrir ceux qui les possèdent. C’est pourquoi nous pouvons dès à présent bénéficier de l’intercession de la Vierge et des Saints, et sommes appelés en même temps à être généreux dans nos suffrages pour les défunts. C’est ici que trouve sa place la prière du Repos éternel.
La charité de la prière
Si la solidarité dans les biens de première nécessité est méritoire, combien plus l’est la solidarité dans les biens spirituels, qui est la seule chose nécessaire aux fidèles défunts encore en voie de purification ! Il n’est pas étonnant que prier Dieu pour les vivants et pour les morts soit une œuvre de miséricorde spirituelle, un véritable acte de charité.

À ce propos, le purgatoire ne doit pas être compris comme une sorte de « punition » infligée par Dieu, ce qui serait en contradiction avec sa disposition au pardon. Paradoxalement, l’exigence du purgatoire ne peut être comprise qu’à partir de l’amour miséricordieux de Dieu. Contempler le Visage de Dieu, le voir « face à face » (1Co 13,12), est en effet le but ultime de tout désir humain ; cela exige un amour dilaté, indispensable pour accéder à l’intimité d’une telle communion. Dans le cas — assez courant selon la conviction habituelle de l’Église — où ce degré d’amour n’a pas été atteint durant la vie, il faudra un exercice supplémentaire de charité, qui s’accomplit sous forme de purification. Voici donc le purgatoire : une magnifique attestation de miséricorde, conçue par la bienveillance divine pour que même les « timides dans l’amour » puissent jouir du bonheur qu’est Dieu.
Les âmes du purgatoire aiment Dieu irrésistiblement, bien qu’elles soient encore privées de sa vision : voilà en quoi consiste leur peine proprement dite, le « feu purificateur » du purgatoire. Néanmoins, elles expérimentent le désir de cette purification, ressentie comme nécessaire et donc pleinement acceptée.
La pratique des suffrages — dont la prière du Repos éternel est sans doute l’expression la plus courante — nous permet de participer à cette œuvre de purification, en vertu de cette solidarité dans les biens spirituels qui, dans l’Église, est réciproque : du ciel vers la terre (intercession) et de la terre vers le ciel (suffrage). Ce faisant, nous pouvons « prêter » à nos frères défunts ce qui leur manque individuellement, mais que l’Église, dans son ensemble, possède déjà et peut ainsi leur transmettre.
Combien devront-ils être reconnaissants envers ceux qui, sur la terre, peuvent librement disposer de leurs actes, prières et mérites, et les leur adressent précisément, pour abréger leur purification en y participant ! Une fois auprès de Dieu, ils ne manqueront pas d’intercéder pour leurs « bienfaiteurs » ! Réciter fréquemment la prière du Repos éternel est une manière simple et efficace de pratiquer la charité du suffrage : il est méritoire de la dire pour nos proches et amis défunts, mais aussi lorsqu’on apprend le décès d’une personne, à l’occasion d’un fait divers brutal, ou en passant devant un cimetière… la charité d’un Repos éternel ne se refuse à personne !
« Que la lumière perpétuelle luise sur eux, qu’ils reposent en paix »
En priant le Repos éternel, nous implorons pour les défunts la lumière et le repos : le repos (requiem) après les vicissitudes et les soucis terrestres, la lumière pour franchir le seuil obscur de la mort. Entrer dans d’autres détails imaginatifs serait risqué, et la prière du Repos éternel garde sagement le silence. D’ailleurs, quand on a demandé à Dieu d’admettre nos défunts à jouir de la lumière de son visage, que pourrait-on ajouter de plus ? N’est-ce pas Lui notre lumière et notre paix, notre tout ?
Si nous pouvions voir la réalité comme la comprennent maintenant nos défunts ! Nous souririons probablement de certaines préoccupations qui nous semblent aujourd’hui énormes, et commencerions à nous soucier sérieusement d’autres choses que nous jugeons actuellement secondaires.
Écoutons ce que nos chers défunts nous murmurent :
Si vous voyiez les choses comme je les vois…
Si vous connaissiez la valeur des petits sacrifices cachés, qui à la fin de la vie donnent une consolation indicible !
Si vous saviez combien valent, aux yeux de Dieu, la persévérance dans la charité, la fidélité aux engagements de vie, la patience silencieuse…
Si vous pouviez comprendre la préciosité de la prière d’intercession et de suffrage, combien de choses changeraient en vous !
Don Marco Panero, SDB



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